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Ulysse49 roule sa bosse et perd pratiquement le nord… !

Image Vous avez un beau voyage mémorable à nous conter? Vous l'avez gravé en photo ? Allez-y, on vous regarde et on vous lit!
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Re: Ulysse49 roule sa bosse et perd pratiquement le nord… !

Messagepar mamour-nise » 16 Déc 2008 01:32

Ulysse49 a écrit:Jnet, permettez-moi de dire à ciel ouvert que votre pseudonyme ressemble à un passe-partout… ouvrant des portes donnant sur la Toile. L’aviez-vous choisit parce qu’il est composé d’un J et de Net ? « J » comme dans j’ouvre, et Net, comme l’anglais de Toile.

Je laisserai Jnet te répondre même si je connais une partie d e sa réponse.. hihihihi!!

Toujours est-il, que je vous remercie pour vos commentaires ajoutés plus haut. Si vous aviez l’impression d’y être en lisant mon récit, c’est que j’ai atteins mon objectif premier. Celui de faire en sorte de ne plus jamais me sentir effroyablement seul devant ce qui m’apparaît être divin, tenant pensivement ma plume desséchées dans une main, et dans l’autre, le goût de ne plus jamais écrire à personne.


Oui objectif atteint...tu as réussi !.... tu n'es plus seul en voyage on t'accompagne et sommes en attente de la suite des anecdoctes et aventures....rencontres etc..etc..!

Sûrement pas évident de se relire continuellement et se sentir encore plus solitaire qu'en voyage.... mais c'est fini.... nous sommes là et pas question de laisser ta plume se désséchée.....laisse lui cette belle liberté de nous écrire ce que ton coeur lui dicte..!

Vos commentaires m’incitent entre autres à plonger énergiquement mes doigts dans mon clavier et y faire ressortir le meilleur des gens que je croise, les événements les plus exceptionnels auxquels j’assiste ou la nature si gratifiante que je contemple.

Je suis ravie de lire que tu continueras à v enir nous partager ce que tu vivras de meilleurs sur ta route de Solitaire en VR...et ensuite , suivront de nos commentaires , t'offrant ainsi une magnifique opportunité de briser TA solitude ....yessssssss une suite magique de la rencontre d'octobre!!

Un bouquet échantillon de ce que je porte humblement en moi, mais qui ne se révèlent que sous le regard de personnes attentives et belles intérieurement comme vous et beaucoup d’autres sur notre forum.



Rencontrons-nous à mon prochain épisode, alors que je raconterai sous les étoiles comment j’ai connu Léonardo…

Bien hâte de te relire et de connaître " Léonardo" et aussi ton histoire sur "les retouvailles"...hihihi!

Bonne route et à bientôt... Moi, en attendant la suite, je me plongerai dans la suite d e ma bouffe de Noel imaginant entendre les 42 Mariachis... (wow)
La LIBERTÉ...je la vie en VR !

je vous laisse un beau rayon de soleil ...à vous de le prendre ,ou de le laisser passer,
au pire un autre en profitera à votre place !!

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Re: Ulysse49 roule sa bosse et perd pratiquement le nord… !

Messagepar Ulysse49 » 20 Déc 2008 13:54

Léonardo à l’eau.

« J’ai présentement le vague à l’âme…, maman ! Je vous écrirai plus tard, au courant de la semaine, quand je me sentirai mieux… » C’est ainsi que j’ai commencé un des courriels destinés à ma mère qui n’a que quatre-vingt-treize ans. À cet âge, pas question de la ménager révérencieusement ! Une mère de cet âge, sait tout de son fils… avant même qu’il ne le sache lui-même…

Alors voici, pour vous, un extrait de mes confidences adressées à mère récemment, le lendemain de la chance dans la malchance de Léonardo. L’histoire vous est racontée tel que vécue, et entre parenthèses, sont des informations complémentaires pour les lecteurs étrangers.

Exceptionnellement, suite à ce récit, je ne répondrai à vos commentaires ou questions que si vous insistiez pour que je le fasse. Ce que je ferai alors simplement et avec modération, en respect des croyances et coutumes de Léonardo et ses proches. Comme ce genre d’appel de détresse n’est pas le premier auquel j’ai eu personnellement à répondre, je suis encore à me débattre spirituellement avec des interprétations concevables du sens à ma vie.

Leonardo, moi et sa vie ; et, Guadalupe.
Hier soir, maman, à peu près à la même heure, dans la piscine éclairée timidement par une ampoule de 40 Watts, un jeune garçon de onze ans laissé pratiquement sans surveillance, était en train de se noyer sous le regard compréhensif de la Vierge Guadalupe. Revenant pour la troisième fois à la surface, ce qui restait de souffle à Léonardo, lui permis de crier désespérément ce qui sembla bien correspondre à son ultime « ¡Ayuda me ! » (Aidez-moi !)

Sa sœur, d’environ 13 ans, pétrifiée devant la scène qui se déroulait imperturbablement sous ses yeux, hurlait quelque-chose qui m’apparu être « ¡Haga algo, mi hermano se ahoga! ¡! ¡! » (Faites quelque-chose quelqu’un, mon p’tit frère est en train de se noyer ! ! !)

J’étais à ce moment-là à m’entretenir sur le principe d’Archimède, comme par hasard…, avec une reluisante baigneuse de mon âge à la poitrine plantureuse, à environ une trentaine de pieds du malheureux garçonnet, lorsque des cris inquiétants et discontinus vinrent interrompre notre conversation devenue un peu houleuse.

Branle-bas de combat, je bondis de ma chaise longue et entrepris de balayer rapidement du regard la situation, tâchant d’identifier sommairement les ressources d’aide au sauvetage disponibles. Dans la noirceur environnante presque totale, je ne vis que moi-même. À qui j’ordonnai de plonger comme si ç’eut été pour sauver Vincent ou Philippe (mes deux fils), eux à l’âge de la victime.

Vers le milieu de la piscine, profonde à cet endroit d’environ six pieds, nous refîmes tous les deux surface après une éternité. Agrippés indéfectiblement l’un à l’autre, nous conclûmes simultanément que ce serait peut-être une bonne idée si nous ne retournâmes plus au fond, et croyez-moi, nous allions tout faire dès lors pour s’en sortir. Lui, empoigné fortement à moi et ne répondant qu’à son instinct de survie… ; Et moi, tentant désespérément de me rappeler les consignes reçues à l’âge de seize ans, alors que je prenais un cours de sauveteur au Juvénat avec mon chum qu’on appelait sans malice « Gorille Fortin » comme co-équipier. Vous souvenez-vous… ?

L’instructeur avait donné comme consigne à l’un des partenaires de faire réellement comme s’il se noyait pour vrai. Gorille monta sur le gros tremplin pour mieux jouer son rôle, se laissa choir de cette hauteur …et suivit à la lettre les instructions. Je me souviens de lui comme étant un excellent acteur… et il avait le physique et le dynamisme de l’emploi. Il s’agissait pour moi que j’aille le sauver. Laissez-moi vous dire qu’à seize ans, j’avais beaucoup plus de souffle que maintenant à cinquante-neuf ans… et toute la vie devant soi.

Et c’est exactement ce que je constatai lorsque finalement nous, le convoi Leonardo et moi, eûmes rejoint le bord de la piscine. J’avais toute sa vie devant moi et j’étais complètement à bout de souffle. À bout presque, aussi, d’espoir de pouvoir un jour vous le raconter. Il y avait là une vie sauve. Léonardo et moi, comme deux excellents coéquipiers, venions principalement de la retenir ensemble pour qu’elle ne reparte plus vers le fond de la piscine.

Alertés par des cris de mort poussés par la sœur vivante mais morte de peur de perdre son frèro, des invités de l’hôtel de tous âges se sont timidement rapprochés alors de la scène de l’incident. Dans la pénombre, je pus identifier approximativement des adultes qui auraient pu être les parents du gamin. En tous cas, ses parents devaient sûrement être parmi les gens attroupés, non pas autour de la victime pour la réconforter, mais en un groupuscule rassemblé un peu à l’écart, se demandant bien ce qui se passait là. Aucun ne s’approcha.

Je tentai de réclamer la présence auprès de l’enfant d’un des parents ou un adulte qui aurait eu vraisemblablement la charge de celui-ci. Son père, que sa sœur identifia à ma demande, s’approcha et me demanda d’une voix autoritaire « ¿Que pasa ? » Incapable de trouver les mots justes, je me retournai vers la pénombre pour repérer la femme aux gros tétons de tantôt afin qu’elle, témoin de la navrante scène, explique la situation au papa, on le comprendra, plus qu'agité.

Rien ! Nada. Madame W. Bourrenichon était retournée à d’autres occupations et ne semblait pas préoccupée outre mesure par le drame qui venait tout juste de se jouer à environ deux brasses d’elle. Je revins du regard au garçon que je tenais toujours dans mes bras et m’arrangeai pour trouver des mots et du non verbale improvisé mais tout de même fonctionnel en vue d’expliquer précisément au père ce qui s’était passé.

Le père pris la pauvre victime encore toute confuse par le bras et amorça la motion de la ramener vers leur motel. Je l’avisai alors avec des gants blancs que selon moi le rescapé avait encore besoin d’un peu de temps de récupération, afin qu’il puisse reprendre son souffle et ses esprits. Quant à son âme, elle était encore sous interrogation formelle décrétée par la Guadalupe pour une admission d’urgence au ciel. Le père disparu sans mot dire dans la noirceur de la nuit. Qu’est-ce qui, dans ma différente mentalité et/ou culture et/ou manière de faire, l’aurait submergé… ? Va donc savoir… !

La maman, affolée mais sûre d’elle-même et de bien faire, brandissait constamment des menaces verbales virulentes au nez de sa fille qui, misérable, était rendue inaccessible et continuait d’être pétrifiée d’angoisse. Quant au rescapé, il vomissait maintenant son souper de tortillas remplies de viande de taureau arrosée d’une sauce piquante à l’extrême, plus, un cornet à trois boules de crème glacée Napolitaine, sur mes genoux.

Après un certain temps et quand j’eus été certain que l’enfant prenait du mieux, je pris congé de la scène après l’avoir laisser à la charge de sa mère. À peine avais-je quitté les lieux immédiats de l’incident, que j’entendis du fond de la nuit désolante une voix que je reconnus comme étant celle de la maman disant « ¡Gracias, Señor! ¡Muchas gracias por todo...! » Je me retournai et, d’une une voix de paternelle provenant du fond de moi-même, concordas en sa langue « De rien, Señora… J’ai moi-même deux garçons et je connais le prix d’un enfant ! », me souvenant clairement du moment extrêmement émouvant et précieux où Vincent, puis plus tard Philippe, poussèrent leur premier cri à leur naissance.

J’ai alors regagné mon autocaravane afin de changer de vêtements et chausser des espadrilles sèches. Une fois à l’intérieur de mon Winnebago Brave, qui avait tout vu et comprenait mon état d’âme, je fondis en larmes tout en constatant que ce mystère m’était encore suspendu au cœur. Une question, qui, d’un sauvetage à l’autre, reste toujours sans réponse. Quel était cet autre enseignement de la vie qui m’est donné pour m'éclairer sur le sens de la mienne… ? Mort, ma fidèle amie qui vient me saluer régulièrement et nous jouons alors le tout pour le tout, un jour, faudra bien que je te laisse gagner une partie…

Triste réalité quoique indiscutable, qu'aucun ne soit venu réconforter la victime ; Tous, sauf la maman, n’ont pas cru approprié de démontrer une quelconque considération à l’égard de l’élément sauveteur. Probablement parce chacun croyait que si ce n’était pas lui qui allait le faire, la Guadalupe allait en désigner un de toute façon. Après tout ne l’avait-elle pas fait… Respectons leurs croyances comme nous voudrions qu’ils respectent les nôtres.

Fouillant hâtivement dans les souvenirs du Canada et du Québec que j’avais acquis avant de partir en voyage, je repérai vitement ce petit ours mâle en pluche beige, vêtu d’une tenue rouge tissée de l’Unifolié et qui tient entre ses bras protecteurs un mignon p’tit ourson. Je l’avais choisi pour donner à un enfant que j’eus trouvé spécial en une occasion que j’aurais trouvée elle aussi spéciale. Celle que je vous raconte, n’en fut-elle pas une ?

Je revins autour de la piscine, où Leonardo maintenant enveloppé dans un puncho paraissait méditer. Je m’approchai de lui et lui offris les toutous jumelés, et, ravalant des sanglots, je lui dis que ce don lui était présenté pour nous rappeler d’une façon amusante comment nous nous étions connus.

Ce matin, vers 07h30, une dizaine de personnes, dont Leonardo, se sont engouffrées dans la petite fourgonnette familiale. Celle-ci est passée devant moi qui saluai honorablement une vie saine et sauve, et disparue au-delà de ma compréhension de cet événement symbolique de la vie, le surhumain.

Le livre de la vie, est un livre suprême qu’on ne peut ni ouvrir ni fermer à sa guise… (Lamartine). La page, où notre relation avec ceux qu’on a bien connus cesse, on constate qu’elle est déjà hélas ! sous nos doigts qu’une fois qu’elle est définitivement tournée.

Boy ! It’s a hollow feeling…

Bonne nuit, maman !

Jean
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Re: Ulysse49 roule sa bosse et perd pratiquement le nord… !

Messagepar Danielle » 20 Déc 2008 15:41

OUFFFFFFFF! Que d'émotions dans votre récit Ulysse49 qui retrouve le nord de la piscine!

La VIE n'est-elle pas plus forte que la Police? Même dans le drame c'est un réel plaisir de vous lire ... surtout quand ça finit bien!

Salutations à votre maman qui doit être fière de son fils!
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Re: Ulysse49 roule sa bosse et perd pratiquement le nord… !

Messagepar mamour-nise » 22 Déc 2008 02:03

.

Allo Ulysse


je viens de terminer ton récit…que j’ai dû lire en 2 étapes ( hier soir et ce soir oupss cette nuit…ayant eu la présence du petit fils de 9ans tout le week-end)
.woow je ressens encore tout plein d’émotions…ouffff

Félicitations pour ton geste, qui d’ailleurs ne me surprends pas de toi…tu as été égal à toi-même.. courageux et généreux..Bravo c’est tout à ton honneur!
Et ce geste du don de l’Ourson protecteur et son protégé.. woow quelle belle tendresse qui en dit plus que le geste lui-même…

Tu aurais eu aussi ce besoin d’avoir des bras protecteurs..pour TOI..juste te serrer et te faire un gros câlin comme l’Ourson….pour te signifier un grand merci pour ton geste…. Mais surtout.. yessssss tu as TOI aussi survécu…. tu as donc sauvé 2 vies !c’est pas rien ça, c’est héroïque !

Heureuse de savoir que le petit est sauf… oufffffff et que toi aussi d’un certain côté tu l’étais aussi sauf , physiquement….

Mais moralement….ouffffff j’ai ressentie ta détresse personnelle… ce vide si déroutant et si froid, après une si grosse montée d’adrénaline dans le sang…. Même si le geste posé était sans attente et purement et instinctivement naturel chez toi et poussé par une impulsion de sauver la VIE… et du coup , de survie pour toi aussi…….il n’en reste pas moins pour autant, ton besoin de réconfort , le besoin d’une chaleur « humaine » comme source ré-énergisante et réconfortante….car tu as presque vidé cette grande énergie vitale en toi pour faire front commun avec la VIE et ce : contre la Mort ( qui en passant cette phrase me fait frissonner : « Mort, ma fidèle amie qui vient me saluer régulièrement et nous jouons alors le tout pour le tout, un jour, faudra bien que je te laisse gagner une partie… ») pas une obligation de lui laisser gagner une partie à cette amie fidèle..hein… ! elle « vit » bien avec la défaite qui est une partie de son Karma.. !

J’espère que tu as repris peu à peu le dessus..( je te le souhaite sincèrement) mais…mais pas sans garder en toi encore vivantes ces émotions si profondes …de joie pour le petit, mais pour TOI ce grand besoin de contact humain si chaud et si réconfortant..que tu as trouver finalement en écrivant à ta maman et en nous le partageant par la suite…

Merci de partager avec nous cette tranche de vie personnelle, vécue avec «Léonardo » et écrite à ta maman.( qui doit, comme dit Danielle, être fière de son fils.. et avec raison )

Je suis encore plus fière de lire un tel récit après t’avoir connue à la rencontre en octobre dernier… plus facile de ressentir, ce que tu peux vivre , au travers de tes écrits….

Surtout te gênes pas et continue de venir nous jaser quand la Solitude est trop prenante et trop lourde.. il y a toujours une présence sur ce forum pour te lire et parfois même t’écrire et faire un p’tit bout de chemin avec toi.. !!Mais aussi quand la joie est à son extase comme pour les Mariachis..! Tes écrits font en sorte qu'on se croirait là avec toi ....comme un p'tit papillon sur ton épaule qui fait la route avec toi !

Bonne route Ulysse , et à bientôt !
La LIBERTÉ...je la vie en VR !

je vous laisse un beau rayon de soleil ...à vous de le prendre ,ou de le laisser passer,
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Re: Ulysse49 roule sa bosse et perd pratiquement le nord… !

Messagepar Jnet » 22 Déc 2008 07:52

Jnet, permettez-moi de dire à ciel ouvert que votre pseudonyme ressemble à un passe-partout… ouvrant des portes donnant sur la Toile. L’aviez-vous choisit parce qu’il est composé d’un J et de Net ? « J » comme dans j’ouvre, et Net, comme l’anglais de Toile.

Quelle belle signification pour mon pseudonyme! Je l'adopte! Jnet vient de mon prénom Ginette.



Quel récit émouvant que celui de la rencontre avec Leonardo. Dans son coeur, ce petit vous en est reconnaissant et cela durera toute sa vie. Les toutous jumelés sauront lui rappeler qu'un jour vous êtes passé dans sa vie et que vous lui avez donné beaucoup. Félicitations pour votre geste!

J'attends la suite de vos récits
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Re: Ulysse49 roule sa bosse et perd pratiquement le nord… !

Messagepar Ulysse49 » 28 Déc 2008 10:24

Danielle, Mamour-nise et Jnet, en tant que lectrices/participantes assidues à mes humbles contes, je vais vous confier ce précieux secret et je tiens à ce qu’il reste entre nous… : Vous êtes pour moi, mes chères dames, une motivation inestimable.

Vos commentaires sont gentils et ils me paraissent aller main dans la main avec le sens de mes histoires et mon invitation à une réflexion inventive que je lance à même mes compositions. Ces narrations sont offertes comme lectures de chevet, accompagnées en guise de tranquillisant d’une infusion à saveur de leçon de vie.

Par ailleurs… Oui, maman Brigitte est fière de son Ulysse49. Toutefois, elle a aussi d’autres raisons d’en être fière, que peu savent. Elle l’a enfanté dans la douleur, elle est venue à un cheveu de le perdre lorsqu’il n’avait à peine deux mois, et encore une autre fois alors il avait trente-cinq ans.

Et lui, comme un maudit malfaiteur, maintenant il se sauve vers le Sud, chaussé de bottes de sept lieues. Au fur et à mesure que des nuages gris-sombre, lourdement remplis de neige et de climat glacial roulent sous les cieux au-dessus de sa propre terre natale, il déguerpit. Tout cela, vous le savez probablement mieux que moi, mesdames, fait grimper la rançon pour la tête de son enfant.

Quand je me suis retrouvé seul après le sauvetage de Léonardo, je me suis sentis seul. C’est ça, tu m’as compris, Mamour-nise. Après coup, je symbolisais mon action comme étant alors mon propre sauvetage. Combien c’était rassurant de prendre conscience qu’on peut compter sur son intuition pour la préservation d’une vie ; Mais encore plus, ça été touchant de m’apercevoir que mon estime de soi, je l’avais préservé depuis ma naissance.

Ce message suprême de la vie, je l’ai sentis dans mes tripes au point de fondre en larme, réalisant combien mon cheminement personnel parfois si âpre m’est salvateur, notamment depuis que j’ai presque perdue mon estime de soi un soir de novembre 84. Cela, ça ne se vérifie d’une façon sublime qu’en étant seul… devant même la Faucheuse.

D’autre part… Si le ciel de mes journées passées en solitaire est souvent d’un bleu azur, ma solitude, quant à elle, est comme ce sombrero qui me protège des rayons du soleil. Les gens que je côtoie habituellement, rayonnent tous énergiquement. Tout comme le contrecoup du soleil qui tape présentement fort sur ma peau, leur influence peut endommager à la longue le tissu de mon être si je m’y expose trop longtemps à la fois. C’est pourquoi, j’ai besoin de temps en temps de solitude… préventive.

Ma solitude ne m’est pas lourde à porter, comme on serait facilement porté à le croire en me lisant ou m’écoutant. Cependant, c’est clair. En terme de complémentarité, elle ne donne pas ce que la présence d’une compagne aurait à m’offrir de si doux. Je le sais, j’ai déjà été en couple et j’ai aimé cela à la journée longue. Et c’est rare que j’aie attrapé un coup de soleil... Au sujet de la lune, maintenant. J’ai encore le goût de la vivre, s’il s’en fait encore de miel…

Oh ! Parlant de lune de miel… Vous ai-je raconté comment, voulant plaire à tous prix à une de ces ravissantes Mexicaines, j’ai fini par m’en faire trop. Non ! ?, ce n’est pas ça que j’ai voulu dire… Je voulais dire, j’ai fini par m’en faire couper de trop… Ce n’est pas clair, hein ? En tous cas, dans mon prochain récit, vous pourrez lire comment tout cela s’est douloureusement passé…
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Re: Ulysse49 roule sa bosse et perd pratiquement le nord… !

Messagepar bach » 28 Déc 2008 13:43

J'ai vraiment hâte de lire la suite!!!
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Re: Ulysse49 roule sa bosse et perd pratiquement le nord… !

Messagepar caraquet » 28 Déc 2008 15:23

bach a écrit:
J'ai vraiment hâte de lire la suite!!!



moi aussi.... :)

placotemoi

Re: Ulysse49 roule sa bosse et perd pratiquement le nord… !

Messagepar placotemoi » 29 Déc 2008 00:32

Salut cher ami,

Comme tu vois, je suis un brin en retard dans mes lectures et je constate que je suis trop occupé à me regarder le nombril grillé au lieu de suivre tes péripéties. À toutes les fois que mes yeux rencontrent ta plume ils deviennent humide mais disons que cette fois ils ont laissés aller leur humidité au fond d’un kleenex. Tu as le don de venir me chercher Jean (je me permets d’écrire ton prénom car je te lis comme un ami et non comme un nick) au plus profond de mes tripes. Je suis heureux du dénouement de ta soirée avec ce petit Léonardo mais je sens chez toi une profonde paix face à notre grande amie la solitude même si, parfois, elle est triste à subir. Je la connais, moi aussi, pour l’avoir côtoyer durant 21 ans. Tout comme toi, elle fût ma complice, mon amie et à certaines occasions ma prison dorée. Qui sait si un jour ne frappe pas à ta porte une jolie demoiselle (mon père qui avait juste une 4e année de scolarité m’a donné ce seul conseil concernant les femmes, elles sont toutes des demoiselles et ont toujours 21 ans) pour un café et ne plus jamais repartir comme celle qui est maintenant madame placotemoi. Je sais, très bien, sans te connaître vraiment que cette dame trouverait enfin la personne idéale mais dans la vie tout doit arriver comme c’est écrit dans le grand livre. Je te souhaite une belle année 2009 l’ami et stp à ton prochain coup de téléphone à ta maman, n’oublie surtout pas de l’embrasser pour moi car la mienne est parti rejoindre son seul amour voila déjà 9 ans. Pour finir avec une note plus joyeuse, je veux tout savoir dans les moindres détails ce que tu as coupé pour plaire à ces dames.

Amicalement vôtre


Placotemoi ou Guy quand c’est sérieux

Ps. Ma messagerie privée te sera toujours ouverte

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Re: Ulysse49 roule sa bosse et perd pratiquement le nord… !

Messagepar Jnet » 29 Déc 2008 09:14


Bonjour Ulysse,

vous nous offrez un autre beau récit nous révélant quelques uns de vos secrets. C'est toujours agréable de vous lire.

Je sens un peu d'ironie dans l'annonce de votre prochain récit. J'ai très hâte de lire comment cela s'est douloureusement passé ;-)
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Re: Ulysse49 roule sa bosse et perd pratiquement le nord… !

Messagepar Ulysse49 » 30 Déc 2008 21:02

Chez un barbier de renommée…, c’est arrivé un jour.

Je crois qu’il existe pour ce Mexicain une manière de me dire « Pardonnez-moi, monsieur. Je n’ai pas bien compris ce vous venez de me dire. Pourriez-vous répéter, s’il vous plaît ? » Ainsi, sa manière de communiquer son incompréhension sera d’ignorer tout simplement ce que je viens de lui dire…

Ce barbier, pourtant compétant, mais debout toute la journée devant sa chaise de barbier, la fixant occasionnellement avec tant de désillusion parce qu’elle avait le temps de refroidire entre chaque client, n’en fera qu’à sa tête… Probablement qu’il avait peur de me déplaire en me demandant d’énoncer à nouveau ma demande. Comme si le fait de ne pas comprendre un étranger et lui demander éventuellement de reformuler sa demande, serait un insulte à l’intelligence de cet allophone à coiffer.

Dans mon cas, c’était bien simple. Je voulais juste une trim, mais je me suis ramassé avec un rase-bol ! ? Laissez-moi vous raconter, et voyez par vous-même…

Par une chaude et accablante matinée ensoleillée mur à mur, parvenu au sommet d’une colline et à la croisée de chemins d’un lieudit, la vue d’ici portait magnifiquement sur un tranquille petit bourg de la province du Michoacán. J’élus donc de me faire couper les cheveux quelque-part dans cette communauté qui paraissait bien accueillante vue d’en haut. Je débarquai alors à la première boutique de coiffeur pour homme aperçue. Qui s’est avérée être la seule, d’ailleurs.

Une fois à portée de voix, je saluai poliment d’un « ¡Buenos dias, Señores! » ceux qui me semblaient être de la ligue du vieux… sombrero et dirigea mon regard vers le Maestro de la Peluquería, comme pour l’aviser que je venais de l’élire officiellement pour un mémorable contrat de coupe de cheveux…

Le Maestro, un homme dans la quarantaine avancée, déjà assez sérieux, assombri encore plus son regard en entendant mon accent venu d’ailleurs. Mais, le clarifia aussitôt que je précisai nettement mon intention de soumettre toute ma tête à l’autorité toute ultime de son rasoir. Il me fit signe gentiment d’espérer un peu, puisqu’il allait d’un instant à l’autre terminer son œuvre d’art entreprise sur son client actuel et, me confit-il d’un geste précis de ses ciseaux, que je serais vraisemblablement le prochain à passer au bat. Je plongeai mon regard dans l’œuvre actuellement inachevée, acquiesçai d’un air admirateur la compétence du maître par ailleurs inégalée en ce hameau et alla docilement m’asseoir parmi la ligue.

Tout se déroula comme prévu, jusqu’à ce que…

Comme il faisait là une de ces chaleurs infernales, à peu près comme on en connaît à Montréal un jour de juillet infernal et sans vent, et que pour me rendre au salon de coiffure… j’avais dû escalader une trentaine de marche à pic, je suais désormais à grosses goûtes, ma chemise trempe à lavette. Un détail, me direz-vous…

En criant ciseaux, les mains du Figaro terminèrent son œuvre jusque-là inachevée, et il tira l’exquise carpe du dessus des épaules de son sujet avec l’élégance d’un torero. Vint mon tour. Et pour le peu que je savais, le Maître capilliculteur avait déjà son plan de match en tête...

Un mot sur la ravissante carpe. Elle était fleurie, elle sentait l’outre-tombe et elle avait sûrement été taillée dans la jupe de la décédée arrière-tia du père du coiffeur, tellement elle faisait dure…

Mon gentil barbier commença par m’inviter à lui dévoiler en détails mes préférences pour la coupe qu’il s’apprêtait à tenter. Ce que je fis malgré les rires en coin inépuisables de tous les témoins, parce que voyez-vous, j’ai encore un peu de misère à m’exprimer en espagnol sans bafouiller …, surtout si j’y joue ma tête.

« Coupez-en juste un petit peu, élaguez le tour d’oreilles et taillez la nuque carrée », fut ma courte énoncée de tâche. Sur ce, il ne tarda pas à sortir son Numéro 3 après que je lui en aie parlé, me le montra distinctement et l’installa dûment à sa tondeuse à cheveux sous mon regard aiguisé, comme pour me confirmer visuellement que nous nous étions bien entendus.

Au fil des conversations un tant soit peu saccadées que j’entretenais avec les autres à propos de mes origines, je remarquai dans un moment de silence stratégique, un peu plus loin, un cochon qui semblait savoir où il s’en allait tout en grognant des airs entraînant pour autrui. Un peu plus près, une basse-cour fréquentant une école maternelle, formée de poussins très subordonnés, suivait la Chef-Poule jusque dans les recoins d’un tas de roches garnies à souhait d’insectes qui eux, ne semblaient plus savoir où aller.

Ah ! J’allais presque oublier… Ce salon de coiffure est situé dehors, dans la cour avant d’une maison privée au toit de tôle ondulée soutenue par des billots de 12 pi et aux murs de briques grises qui ont déjà vu de meilleurs jours ; On se fait déposséder de notre chevelure de Samson, comme ça, au vu et au su de tous les passants, aux quatre vents. Et, il ventait ce matin-là.

À une trentaine de mètres de la chaise de barbier, une fumée opaque et immorale, distraite par un vent chancelant, provenant d’un feu important mais mort depuis cette nuit, embrassait sordidement l’atmosphère environnant et menaçait de se rependre dans le salon de coiffure. Tant et si bien, qu’un moment donné, j’étais certain que le pire allait arriver avec les cendres ivres qui dandinaient redoutablement vers nous, notamment en direction de mon front qui à présent, ruisselait de plus en plus. Surtout depuis que mon Figaro avait passé de la tondeuse à cheveux au rasoir à lame et me dégageait maintenant les oreilles ; Lame, qu’il avait pris soin de bien affûter en ma présence…, ne me quittant jamais du regard, ni moi du sien. Qu’essayais-je de retarder ou, quoi concevait-il… ?

Je vous dis que j’en menais pas long ! Il semblait toujours faire à sa tête, mais c’était à moi les oreilles…

Mais rien de tout ceci ce passa. Quoique d’autre chose allait se passer…

Soudain, le vent bifurqua et contourna sournoisement le domicile, se joint à un autre courant d’air aussi querelleur et ils attaquèrent ensemble. La meute éolienne souleva instantanément la carpe, sur laquelle flânaient mille touffes de mes cheveux gris, laquelle aussi, m’était solidement amarrée au cou avec une grosse épingle à couche, et la laissa retombée flasque sur mon visage en sueur.

Lentement, comme si ce fut pour le dévoilement des modèles 2009, la carpe se rabaissa par son propre poids, me laissant voir à une gang de jeunesses ramassée là pour entendre mes récits aussi drôles que parfois incompréhensibles. J’étais métamorphosé en une sorte de Neandertal.

Le public s’esclaffa de plus bel lorsqu’un du groupe dit à voix à peine murmurée « C’est à ça, que ça ressemble le fameux Sasquash dont ce brave étranger nous disait tantôt qu’il hante les forêts Ouest-canadiennes ! »

« Tfut ! Tfut ! Tufuttt ! », je fis en crachotant ma propre chevelure bouclée. Quant à Figaro, confondu, il lui paraissait de bonne éducation de montrer qu’il n’aurait pas envie de rire en pareille circonstance. Le cochon réapparu en souriant. La queue en tire-bouchon, il proclama au passage quelque-chose de mal élevé à Maman Poule. Ce qu’elle a due prendre comme une trivialité, puisqu’elle n’a haussé que les épaules dans un friselis d’ailes, comme pour laisser sous-entendre qu’elle n’allait pas s’en émouvoir davantage.

Si vous venez qu’à passer par là, et que vous désirez vous faire couper les cheveux exactement comme je le souhaitais au début, s’il vous plaît, faite attention en utilisant l’expression « Coupez-en juste un peu ». Car elle peut facilement être interpréter comme « Laissez-en juste un peu », et avant même que vous eussiez pu intervenir, la chaleur, les malentendus, l’engouement de l’assistance et l’impatience de la tondeuse à se mettre à l’œuvre, auront vite ainsi raison de votre indifférence…

Je voyais bien que Ricardo, mon coiffeur insigne, hésitait. Toutefois,il a fait de son mieux… Mettez-vous à sa place, qu’auriez-vous pu faire autrement, surtout après que l’étranger ait tant insisté… Le contre-dire… ? Et risquer ainsi de perdre 25,00 pesos (env. 2,50 $ Can) ? C’est le tarif que le brave Ricardo exigea, tenant dans une main son pauvre corazón de papa qui se tordait pour que ses enfants mangent ce soir, et dans l’autre, son rasoir à lame encore sorti… et toujours aussi étincelant…
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Re: Ulysse49 roule sa bosse et perd pratiquement le nord… !

Messagepar Jnet » 04 Jan 2009 09:22

Ulysse49 a écrit:Chez un barbier de renommée…, c’est arrivé un jour.

Dans mon cas, c’était bien simple. Je voulais juste une trim, mais je me suis ramassé avec un rase-bol ! ? Laissez-moi vous raconter, et voyez par vous-même…


Bonjour Ulysse,

J'ai cru qu'on verrait une photo...

Votre aventure chez le barbier nous donne une bonne description sur la façon de vivre Mexicaine et vous savez faire en sorte dans vos écrits que notre imagination travaille... je vous ai vu avec le tablier dans la figure tant qu'au rase-bol, ça je n'ai pas été capable de l'imaginer :D
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Re: Ulysse49 roule sa bosse et perd pratiquement le nord… !

Messagepar Ulysse49 » 21 Fév 2009 22:18

Quelque-part dans la Sierra Madre del Sur, j’ai sangloté…

J’ai vécu seul, longtemps, en route pour quelque-part sans vouloir vraiment y arriver. Aussi, ai-je appris à ne compter que sur moi-même pour passer à travers d’occasionnelles mélancolies. Il n’en revenait alors qu’à moi de me retrousser les manches et me prendre en mains. Il n’en tenait qu’à moi, notamment, de transformer mon humeur attristée en une humeur plus supportable, puis, progressivement en une humeur de plus en plus désirable, et à la fin, une humeur à toutes épreuves. Ce faisant, j’ai réussi neuf fois sur dix.

Mais, donnez-moi à écouter une chanson prenante chantée en personne par une Mexicaine que la vie a particulièrement éprouvée, et je vous jure que je perdrai le nord en pas grand temps… Ça c’est passée dernièrement le long d’une autoroute. Je me suis attendri pour la première fois depuis longtemps… C’est arrivé un soir de presque pleine lune, les étoiles, habituellement ricaneuses, s’étaient tues juste pour cette chanson-là. Laissez-moi vous raconter… !

Au cours de mon voyage Hiver 2004-05, en route vers une ville du Mexique-Central transpercée de tunnels, je fis la connaissance de Juana. Juana était à la fois propriétaire, directrice, cuisinière, serveuse et plongeuse d’un casse-croûte installé dans un modeste arrêt routier perdu dans la sierra (chaîne de montagnes). Je m’y étais arrêté pour déjeuner et, vue la joliesse de la gentille dame, m’y étais attardé un peu bien malgré moi…

Ainsi, je m’étais entretenu à mon aller avec la Señora Juana, sa nièce et sa mère pendant quatre heures environ sur seulement cinq questions venant d’elles et qui devaient recevoir de moi des réponses pourtant fort simples. Mais, ne parlant que très peu l’espagnol à l’époque, probablement que je dû être pour elles assez bouffon, puisqu’elles ont fini par me comprendre au point de m’employer comme divertissement pour elles et leur clientèle…

Puis, à mon retour vers la côte, je m’y étais arrêté de nouveau, simplement pour revoir la belle Juana avant de redescendre définitivement vers Playa Azul, et lui remettre un souvenir du site du Volcan Paracutin que je venais de parcourir.

À ce voyage-ci, Hiver 08-09, roulant non loin de là, j’ai cru de bon augure d’aller saluer en passant la charmante Juana. Ce que je fis et, bla, bla, bla, bla… !

Bon ! Sautons tout de suite au meilleur de la veillée…

Après avoir résumé les trois ans et dix mois passés depuis qu’on s’était vus la première fois, nous échangeâmes ce fameux Buenas noches qui tua tous espoirs de… veiller en peu plus longtemps sur le perron de son palapa*.
*(Palapa : abris casse-croûte champêtre qui, selon les standards nord-américains, fait généralement dur mais où on y mange cent fois mieux qu’au MacBurnerking)

Son palapa est adjacent à plusieurs affreux autres offrant des tables d’hôtes à faire pâlir de désir celle du Homard Rouge... À l’un de ceux-ci, on fêtait sa patronne. À cette occasion, trois musiciens chanteurs avaient été retenus pour émouvoir la Señora Alicia, ravissante tout de même malgré son air bête infatigable. On voulait ainsi l’aider à passer le cap de la soixantaine. Je sais ce que c’est, je le passerai bientôt et déjà j’ai l’air bête… Paradoxalement, ceux de la soixantaine et plus que je rencontre, ne l’on plus depuis longtemps…

Une guitare, un accordéon et, tenez-vous bien, une contre-basse. Plus, à la fiesta, des invités de marque, tel que Armando, le fils maudit qui sort tout juste de prison pour avoir volé, puis, tué la vache du Chef de police municipale dans l’honorable but de nourrir sa famille et sa pauvre mère.

Quant à moi, je m’apprêtai à me retirer dans mes quartiers pour la nuit en faisant toutefois discrètement un léger détour vers la fête, lorsqu’on remarqua mon délire en entendant même de loin la musique. Un grand monsieur à l’air distingué, vêtus comme pour aller à des noces, me fit signe de les rejoindre tout en poussant poliment en ma direction une chaise blanche signée en rouge de Coca-Cola. Je souris, m’assis et j’ouïs la chanson déjà commencée. Elle évoquait, me sembla-t-il, le cœur d’une jeune-femme du village tiraillée entre deux amoureux, le pas sourd d’un cheval déçu qui marchait vers la sierra, portant sur son dos le prince charmant déchu, et au loin, un soleil rouge de chagrin se couchant derrière le dernier nuage de la dernière journée de leur premier amour.

Tout ce beau monde-là, moi y compris, assis sur bord de l’Autopista à, oooh ! je vous dirais, aux environs deeee, une trentaine de pieds du trafic passant. De gros camions Kenworth Kenmex tirant des doubles semi-remorques chargées comme des mulets ou de vieux autobus Dina pleins à craquer, nous passaient sous le nez.

Moteurs qui pompent l’huile au galon, mufflers percés, pneus écorchés profondément et/ou usés à fesse, carrosserie bossée tout l’tour ; Un rien rend ces intrépides Cowboy-là heureux… Ces mastodontes-là nous roulent presque sur les pieds, bien entendu à une vitesse à faire pâlir de frayeur Jacques Villeneuve, pour ainsi se donner toute une swing en vue de grimper la côte longue et pas mal à-pic qui s’en vient un peu plus loin. Tour à tour, ils nous laisseront dans de funestes remous de fumée dure à cuire de Diesel et de poussière adhésive ; Un florissant cocktail rêche, dur à avaler si t’as déjà une boule dans gorge. Mais ce n’est pas ça qui m’a fait pleurer…

Et là, soudain…! Alicia devint belle…

Les Mexicains et les Mexicaines, Mesdames et Messieurs les Nord-américains, sont des gens d’une sensibilité notable et ils n’ont pas froid aux yeux quand vient le temps de l’exprimer. Ils promeuvent au sein de leurs communautés de ces valeurs humaines fondamentales desquelles chacun s’inspirera afin de s’accorder une qualité de vie soutenant une existence saine et prospère du point de vue mental et physique. Valeurs, auxquelles nous, d’un peuple moderne, industrialisé et, voyez-vous, très éduqué…, gagnerions à revenir, au lieu de se bourrer la face aux anti-dépresseurs ou au Viagra ou aux pilules miracles pour mieux dormir après… nos élections.

Ils définissent comme source principale à laquelle ils abreuvent leur équilibre psychique, le contact physique et psychologique avec la famille et la société, l’histoire et leur fierté de leur nation, et leur patrimoine bâti à la sueur de leur front en échange d’une poignée de pesos. Leur esprit à la Fiesta carbure proprement à partir d’événements se produisant tant dans la nature environnante qui les nourrit, qu’à leurs villages ou quartiers distinctifs qui les sécurisent et les renforcent, que dans leurs cœurs qui débordent d’émotions bienfaisantes.

Il n’est pas rare qu’un des leurs soit mort autrefois pour des convictions à haute teneur en autonomisme, par exemple, la liberté des siens. Méchant contraste avec notre tendance à cacher dans le fin fond du garde-robe ministériel ce très respectable référendum, aussitôt qu’un éminent étranger vient faire son p’tit tour et nous flash devant la face des $$$ Can ou US, ou des Euros…

Soudain !, disais-je…. Soudain, Alicia, qui mystérieusement était devenue brusquement séduisante, se pencha légèrement en oblique vers moi en souriant subtilement et, de sa voix basse et chaleureuse dirigée à mon oreille, me souffla tendrement « Vous avez l’air à aimer ce que chante notre trio. Est-ce que je me trompe… ? ». Je n’ai été capable que de faire juste un balancement de la tête, en guise de oui ! Parce c’était vraiment beau et touchant, ce moment privilégié-là. Et aussi, parce que depuis un petit bout de temps, je ne pouvais plus parler parce que j’avais de la misère à avaler. Je sentais comme si j’eu dans gorge trois boules de Bowling et un fer à repasser à avaler. J’avais laissé derrière deux fils et une petite-fille, et Noël approchait…

Quelqu’un d’autre porta son regard vers l’accordéoniste, un artiste au talent naturel extraordinaire, et l’informa de quelque-chose dont je ne compris le sens qu’un peu plus tard. Le contre-bassiste, lui qui avait tout compris, redressa les épaules et feignit d’accorder finement son instrument, comme si quelque-chose de soigné allait s’en suivre. Le guitariste laissa son regard s’évanouir dans le lointain, comme pour se laisser imprégner de cette complainte avant de la jouer. Un silence imposant mais avant-curseur, pesa lourd à l’esprit de chacun.

Puis, de connivence avec je n’ai jamais su qui ou quoi, de l’accordéon calée entre les mains de notre expressionniste-né, sortirent quelques douces, presque silencieuses mais languides notes. Le guitariste reprit délicatement sa place tout en rehaussant de ses partitions le sérieux de la chanson qui s’en venait, et finalement, le contre-bassiste appuya solennellement le son de l’accordéon encore songeuse et les pincements de cordes de la guitare qui battait maintenant le sentier à suivre. Qui allait chanter et quoi ?

Le visage d’Alicia s’illumina dans la pénombre de la lampe à l’huile placée à l’écart et elle préluda. D’une voix mi-douce mi-rauque et dans un trémolo rempli d'émoi, elle dit « Voy a cantar un corrido de uno amigo de mi tierra …. Llamadose Valentin que fue fusilado y colgado en la sierra... », et elle continua les paroles de cette ballade mexicaine saisissante, mais là sa voix chantait maintenant, avec plein d’émotions dans ses cordes vocales.

Le poil me retroussa dans le cou, puis, sur les épaules, et enfin sur les bras… Une larme me coula lentement de chaque œil. Venues d’outre temps, d’outre occasions, elles se frayèrent impitoyablement un chemin à travers mon opposition impénétrable à m’émouvoir au-delà du solfège approfondissant tous mes souvenirs du Mexique.

Avant de continuer, permettez-moi de tenter de traduire ainsi les paroles d’entrée de cette chanson pleine d’étonnantes leçons de vie :
« Je vais vous chanter une ballade d’un amigo de ma terre natale … Il se nommait Valentin, il fut surpris dans la sierra (chaîne de montagne) et fut fusillé… »

De ce que j’en ai compris des paroles, cette ballade évoquerait en sous entendu la rudesse à une certaine époque de l’autorité en place pour faire respecter la loi. Toutefois, son principal thème met en évidence l’exceptionnel courage d’un fils de paysan, Valentin, mort sous l’œil de la Guadalupe en défendant ses semblables en quête de liberté… à tous prix. Lui et huit cents de ses soldats avaient eu la malchance de tomber aux mains du… gouvernement… Quand le Colonel l’a questionné sur le détails relatifs à ses intentions, Valentin, parce qu’il était un « homme », ne dit rien…

Bon ! Cette ballade mexicaine n’aurait vraiment pas de quoi à faire brailler un Canadien errant…, je vous l’accorde. Mais revenons à l’ambiance de ce soir-là.

Voici que je voyage seul, au loin et que mes deux fils et ma petite-fille commencent sérieusement à me manquer. Que le Temps des Fêtes tel que je le ai déjà connu, s’en viennent. Ça, ni vous ni Alicia ni personne d’autres d’ailleurs le savait. Néanmoins, ce soir-là, sur le bord de la Mex 37D, de purs étrangers s’étaient concertés pour aider un nomade tombé aux mains d’une mélancolie passagère qui lui collait pourtant à la gorge depuis déjà un certain temps. Leurs objectif premier : Que leur visiteur puisse passer un bon Temps des Fêtes même éloigné des siens.

La question est : Comment des gens que je n’ai jamais rencontrés autrement que ce soir-là, savaient-ils que j'affectionne tout particulièrement cette chanson-là ? Écoutez-la vous même, interprété par Ana Gabriel http://www.youtube.com/watch?v=c9p9oZQFi7Q , et dites-moi, si vous aviez été à ma place, si elle vous aurait laisser de glace… !

Qui savait ? Juana… ? Non, je ne lui en ai jamais parlé… Peut-être savaient-ils depuis toujours comment reconnaître et traiter chez les leurs une mélancolie passagère avant même que son porteur la ressente… Ces valeureuses gens m’ont donc traité comme un des leurs et m’ont administré leur meilleur remède… : mes propres larmes.

C’est comme sur notre forum… Nous ressentons l’affection des autres à notre égard, bien souvent avant même qu’ils en sentent eux-même la présence dans leur cœur. Comment le percevons-nous ? Ils n’ont qu’à l’y en témoigner bon gré mal gré sur notre forum unique par leurs commentaires qu’ils laissent uniquement pour nous… Et nous, nous leur administrons notre meilleur médecine : Nos écrits effectués avec une plume plongée dans le fond de nos cœurs.
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placotemoi

Re: Ulysse49 roule sa bosse et perd pratiquement le nord… !

Messagepar placotemoi » 21 Fév 2009 22:57

merci pour ce partage mon ami ..

placotemoi .. les yeux pleins d'eau

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Re: Ulysse49 roule sa bosse et perd pratiquement le nord… !

Messagepar Jnet » 22 Fév 2009 10:39

Quel beau moment de vie Ulysse! un récit vraiment touchant qui tout comme Placotemoi m'amène les larmes aux yeux en lisant et encore plus en écoutant l'émouvante chanson.

J'espère vivre ce genre d'aventure une fois au Mexique même si moi je serai accompagnée. Probable que ce ne sera pas cette année car on y sera très peu de temps mais au fil des ans, peut-être...

Merci pour ce nouveau partage
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